Les Backrooms : Une mythologie numérique

Introduction

Les creepypasta constituent un phénomène central de la cyberculture : avec la création de récits étranges, horrifiques, diffusés sur le web, s’inspirant des légendes urbaines ayant une résonance particulière dans les communautés numériques et d’Internet. Parmi eux, les Backrooms occupent une place singulière. Né d’une simple image publiée sur un forum « 4chan » en 2018, mais qui a suscité l’engouement 1 an après, ce concept s’est transformé en un univers narratif riche et collaboratif. Via la photographie d’un espace dit « liminal », espace ou des choses arrive avant et après, où vidéos « found footage », récits textuels et créations visuelles s’entrecroisent pour bâtir un véritable "lore" (mythologie collective). Ce phénomène témoigne non seulement du pouvoir créatif des internautes, mais aussi de la manière dont la cyberculture brouille les frontières entre fiction, mémoire et réalité.

Un univers né du web participatif

Elles reposent sur une esthétique très particulière : pièces vides, bourdonnement continu des éclairage artificiel, comme prise par une caméra d’un ancien temps, avec des grains. Un décor suscitant à la fois la nostalgie et l’inquiétude, aux ambiances cauchemardesques et oppressante, jouant sur le sentiment d’étrangeté du familier. Très vite, cette simple image s’est transformée en un projet collectif où différents internautes ont imaginé des « niveaux » successifs :

Le modèle classique : un espace infini sans présence humaine, où seul persiste le son oppressant des lumières s’inspirant de la première photo (moquette jaune, sorte de gigantesque bureau, et lumière artificiel). Les niveaux 1 et 2 : plus dangereux, habités par des entités hostiles. Le modèle collaboratif 3+ : des centaines de niveaux créés et documentés par la communauté. Cette extension sans fin a aussi ses limites : en multipliant les niveaux, l’histoire globale peut parfois perdre en cohérence. Mais cela montre bien commentfonctionne la cyberculture, où chacun peut participer, partager ses idées et créer ensemble.

De la creepypasta au cinéma expérimental numérique

Un tournant majeur survient avec Kane Parsons (alias Kane Pixels), jeune créateur qui, en 2022, propose une série de vidéos sur YouTube transformant les Backrooms en véritable univers cinématographique. Grâce à une esthétique found footage, et un sound design immersif incrémenté d’effets spéciaux réalistes, il transpose la légende numérique en une narration audiovisuelle saisissante. Ou l’on découvre peu à peu son récit notamment dans sa vidéo The Third Test, on découvre ainsi les ambitions d’une entreprise top secrète, la ASYNC, cherchant à exploiter les Backrooms comme solution aux problèmes futurs de stockage et de surpopulation. 
Renouvelant profondément le mythe : il ne s’agit plus d’une suite infinie de niveaux aléatoires, mais d’une histoire structurée, qui attire des millions de spectateurs.

Cyberculture et intelligence collective

L’histoire des Backrooms illustre plusieurs dimensions de la cyberculture. Tout d’abord, elle relève de l’intelligence collective : chacun peut enrichir le récit, créer de nouveaux niveaux, produire des images tout simplement écrire des théories. Le projet devient une œuvre distribuée, sans auteur unique, comparable au modèle de la SCP Foundation, autre fiction collaborative en ligne. 
Ensuite, les Backrooms reposent sur une esthétique propre au numérique : le mélange de réalité et de fiction par le biais de filtres VHS, de caméscopes anciens et d’environnements « liminaux » renforce l’illusion d’authenticité. Ces codes visuels montrent que la cyberculture mélange réel et virtuel, contribuant à rendre ces récits encore plus impactant. Le phénomène rappelle aussi le rôle essentiel des plateformes numériques : sans YouTube ou Reddit, les Backrooms n’auraient pas eu une telle popularité et visibilité.

Un regard critique : fascination et limites

Ces idées soulèvent aussi certaines limites. La logique d’extension infinie peut appauvrir la qualité narrative : à force d’ajouter toujours plus de les niveaux et ayant pour d’avoir le level de dangerosité avec l’histoire et l’univers le plus insolite, une redondance se crée. Néanmoins, cette évolution reflète un mécanisme central de la cyberculture : le passage constant entre innovation et appropriation. Au-delà de ce principe les backrooms ont inspirées et enrichies une immense communauté d’Internet notamment dans les jeux vidéo tels que Poppy Playtimes, the Backrooms game, et même sur Roblox. Allant jusqu’à même aller au-delà de l’histoire d’Internet via la production et la création d’un film The Backrooms prévue en 2026.

Conclusion

Les Backrooms sont un bon exemple de la cyberculture. D’une simple image « maudite » publiée anonymement, ils sont devenus une série immersive avec Kane Pixels et un univers enrichi par des milliers d’internautes. Cela montre la créativité des communautés en ligne et leur capacité à inventer des histoires ensemble. Dans les Backrooms, les frontières entre spectateur et créateur, fiction et réalité, amateur et professionnel disparaissent.